J’ai passé la plus grande partie de ma vie à m’autocensurer et à me présenter comme n’étant pas créative. Et j’ai toujours été très impressionnée par ces gens capables de penser en dehors du cadre et de créer des choses originales, gens qui m’apparaissaient être des ovnis, en tout cas une espèce à part.
J’étais par ailleurs à l’aise avec les disciplines scientifiques, ce qui confirmait mon camp. N’oppose-t-on pas toujours les rationnels et les créatifs, la logique et l’intuition, le cerveau droit et le cerveau gauche ?

Une archive de la version non créative de moi-même, allant chercher toutes les solutions dans son cerveau gauche
(an -12 avant reconversion)
Même après ma reconversion à l’architecture d’intérieur, j’ai eu, dans un premier temps, une approche très rationnelle de mes projets : le dosage des couleurs, le choix des matériaux, tout répondait à l’application logique d’un schéma équilibré. Je ne m’autorisais simplement pas à faire autrement, j’avais bien trop peur d’échouer ou de déplaire.
Ce n’est qu’à la conception du projet Renaissance, mon chez moi, que je me suis autorisée à sortir des sentiers battus. Les dures restrictions liées au Covid avait généré en moi un fort besoin d’émancipation et les seules personnes à qui le projet devait plaire étaient mon mari et moi. À ce sujet, je dois reconnaitre ici qu’il a été d’une grande aide. À mes inquiétudes, il a répondu « ce n’est pas de la chirurgie cérébrale, lâche toi, et si on doit repeindre une pièce, on la repeindra. » Il a d’ailleurs pu tenir parole puisque nous avons dû repeindre son bureau. 🙃

Pour concevoir cette cuisine, j'ai lâché toutes mes peurs, couleurs motifs et matériaux s'entremêlent sans gêne aucune
C’est également à cette occasion que je découvert que « se lâcher » était bien plus difficile que de « se tenir ». J’ose, oui, mais j’ose quoi ? J’ai commencé à explorer frénétiquement toutes les pistes qui m’intéressaient. Et pour chaque schéma retenu, j’en avais éliminé au moins quatre. Et j’ai compris:
La créativité n’est pas la capacité à générer des idées brillantes et originales. La créativité est la capacité à explorer ce qui se passe hors du cadre, quitte à se tromper.
Pour se connecter à sa créativité, il faut d'abord savoir lâcher prise.
La créativité est un processus en deux phases (mon cerveau gauche reprend la parole dans ce paragraphe) qui sont la divergence et la convergence. Pour pouvoir diverger correctement, c’est-à-dire s’éloigner autant que possible du cadre existant, il faut ne pas se soucier de la qualité ou de la pertinence de nos idées. Il faut laisser libre cours à son imagination. Valoriser la quantité plutôt que la qualité.
Et c’est dans cette profusion d’idées, dont beaucoup seront à éliminer, qu’émergeront les idées qualitatives et originales.
Cette séquence fait partie intégrante de tous mes projets. Elle est d’ailleurs rarement linéaire mais plutôt nébuleuse et itérative.
Mes clients ne s’en rendent pas forcément compte : lorsque je leur présente des propositions, j’ai déjà opéré un grand tri dans les idées générées pour le projet en question. Et grâce à une méthodologie intégrant des échantillons de couleur et matériaux, des visualisations et des essais peinture grandeur nature, eux n'ont même pas besoin de repeindre une pièce en fin de projet 😉
Voilà, nous arrivons à la fin de cet réflexion à la suite de laquelle j'espère que vous vous autoriserez davantage à créer.
Et si vous avez besoin d'aide pour générer des idées pour votre projet de rénovation ou de décoration, n'hésitez pas à me contacter.